mardi 20 août 2013

Célestin Adolphe Pégoud (2ème partie)


Suite de l'article d'André Larger paru dans l'Est Républicain il y a quelques années.

En effet, pourquoi pas? Mais dites-moi les parachutes existaient depuis longtemps?

Ils sont plus vieux que l'aviation. songez que le premier saut a été effectué le 22 octobre 1797 par Jacques Garnerin, à Paris, depuis un ballon à air chaud. L'idée n'était donc pas neuve. A l'époque où je suis devenu pilote, Bonnet, "un pays", un gars du Dauphiné comme moi, venait de mettre au point un nouveau modèle. Je brûlais d'essayer. je mes suis ouvert de mon idée à Blériot qu l'a trouvé intéressante.

Chromo

Et il a accepté de sacrifier un appareil pour vous permettre d'essayer?

Bien évidement, c'était d'ailleurs dans son intérêt de constructeur. Encore fallait-il trouver l'appareil adéquat car, comme vous l'avez dit, ce dernier, privé de son pilote, s'écraserait immanquablement au sol. Notre choix s'est porté sur un vieux clou sans avenir, un engin hybride, mi-Blériot mi-Borel, un truc poussif tout juste capable d'atteindre tris ou quatre cent mètres d'altitude.

Et la tentative, vous l'avez effectuée quand exactement ?

Le 19 août 1913, dès que j'ai été prêt. Il a d'abord fallu se procurer le parachute et, ensuite, voir comment l'installer. Au moment du saut, il ne fallait pas que les suspentes ou la toile s'accrochent à l'appareil. Finalement, je l'ai placé sur le fuselage, derrière moi, dans une grande boite allongée que les copains, toujours rigolards, ont appelé le cercueil. Le jour dit, j'ai hissé l'aéroplane à deux cent mètres au dessus de Châteaufort. Vous savez où ça se trouve?

J'ai déjà entendu parler de la côte de Châteaufort à l'occasion d'épreuves cyclistes. C'est dans la vallée de Chevreuse?

Exact. C'est bien dans la vallée de Chevreuse, à deux pas de Versailles. Au moment décisif, jai tout de même eu un pincement au cœur mais il fallait y aller. Allez saute, me suis-je dit, pas question que Pégoud recule. J'ai dégagé mon parachute de sa boîte, j'ai enjambé la carlingue et je le suis jeté dans le vide. Le choc des sangles, la descente, rapide. C'est à peine si j'ai eu le temps de jeter un coup d’œil à mon appareil privé de pilote. Au lieu de s'écraser tout de suite au sol, il s'est rétabli un instant et a volé quelques dizaines de secondes dans toutes sortes de positions invraisemblables. Ça m'a donné à réfléchir, après. J'ai atterri dans un arbre et je m'en suis sorti sans problème. Mon but était atteint. J'avais démontré qu'il était possible de sauter en parachute depuis un aéroplane. Mission réussie.
A suivre

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